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Ils ont la paroleInterview

Rencontre avec Frank Eckardt

Aujourd’hui, Frank Eckardt nous parle de sa démarche photographique. 

Copyright Frank Eckardt

Bonjour Frank ! Qui es-tu ? Pourrais-tu nous parler de toi ? Comment es-tu venu à la photographie ?

Bonjour, j’ai 47 ans, je vis à Heidelberg et je travaille en tant que physiothérapeute depuis 25 ans. J’ai découvert la photographie en 1999, lorsque j’ai utilisé mon premier appareil jetable tout plastique avec une pellicule noir et blanc. À partir de ce moment-là, j’ai tout de suite été séduit.

Pourquoi avoir choisi l’argentique comme médium d’expression ?  Qu’est-ce que la pellicule t’apporte de plus ?

J’aime la tangibilité de la pellicule argentique. Lorsque tu appuies sur le déclencheur de l’appareil, tu produis vraiment quelque chose. La pellicule apporte cette matérialité que n’offre pas le numérique. Les contraintes liées à l’argentique sont également salutaires : on ne déclenche pas n’importe comment. Chaque prise de vue compte, elles sont limitées et ont un coût. Tout ceci oblige le photographe à se concentrer et réfléchir sur la pertinence du cliché. J’aime l’ambiance visuelle que procure l’argentique ; le rendu est plus doux que le numérique et au final, vous avez un vrai produit en main que vous avez développé vous-même. Le plaisir du tirage est également une expérience unique.

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Tu es l’exemple vivant que l’on peut produire de grande image avec du matériel peu cher. Pourrais-tu nous parler de ton équipement ?

Alors, j’ai commencé avec un Cosina Hi Lite. C’était un reflex 24×36 à monture M42 avec une prévisualisation de profondeur de champ qui équipait la plupart des boîtiers dans les années 1970. Ensuite, je suis passé chez Canon avec le classique FTB QL et le cultisme Canon A-1 comme second boîtier. Pour les objectifs, je possède un Soligor 28-70mm. Un petit zoom vraiment pas cher que j’emploie la plupart du temps. Pour compléter, j’ai également un 28mm 2.8 et un 50mm 1.4 FD. Mais j’ai une grosse préférence pour les grands angles entre 28 et 24 mm.

J’ai également commencé avec des appareils compacts automatiques des années 90, comme le Minolta Riva Panorama et le Ricoh R1. Ils m’obligent d’adopter une certaine pratique dogmatique en m’obligeant à composer sous un angle différent. J’adore faire de la couleur avec eux. Ah oui, je photographie aussi avec le Lomo 4eyed, c’est un appareil très intéressant sur le plan créatif. Comme tu peux le voir, mon équipement n’a rien d’extraordinaire.

Quelle est ton approche de la photographie en général ?

Disons que tout dépend de l’endroit où je suis. Par exemple, Cuba me donnera un ressenti et un style complètement différent que Dubaï. Il y aura un autre ressenti si je vais à Tokyo. Ce que je veux dire, c’est que l’endroit fait la photographie. Les personnes qui t’entourent et l’endroit dans lequel tu évolues jouent énormément sur la perception. Ça implique d’être très réceptif, de laisser venir les choses à ton esprit et n’avoir rien d’autres à l’esprit que de photographier ce qui t’entoure. Voyager m’apporte un état d’esprit de curiosité perpétuel. Les appareils utilisés jouent évidemment un rôle important dans ma créativité.

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Tu sembles particulièrement aimer les lignes, les formes, les textures et les jeux de lumière dans tes images. Pourrais-tu nous parler de ton sens de la composition ?

Cela vient naturellement avec la forme graphique du noir et blanc. On obtient un résultat parfois très différent lors de la prise de vue et l’image finale, ça surprend et c’est tout ce qui compte à mes yeux.

Quel message aimes-tu faire passer à travers tes photographies ?

Je ne dirais pas qu’il y en a systématiquement un, mais l’impression qui se dégage ressemble plutôt à celle d’un film ou d’une chanson liée à un thème classique traitant de la vie et de la mort, où se manifeste une sorte de mélancolie.

Ta série sur Cuba a un caractère mystique. Pourrais-tu nous en parler ?

Ce qui est arrivé à Cuba, c’est la prise de conscience du fait que le changement viendra inévitablement avec la fin de l’ère du Castro. À chaque coin de rue, vous avez l’impression d’être tombé hors du temps. Pour moi, cela s’est manifesté dans l’architecture et les voitures rétro qui, dans quelques années, disparaîtront à tout jamais. De ce constat, un sentiment est apparu, pour témoigner de cette ambiance si particulière. Nous étions à l’aube et j’ai utilisé une pellicule 1600 ISO, ceci explique peut-être cette ambiance si mystique. De plus, c’était ma première expérience en prise de vue compact avec le Canon FTB : je devais agir rapidement sur mes réglages et j’avais donc peu de temps pour composer mes images. Finalement, je suis heureux du résultat, un peu inhabituel même pour moi-même. Disons qu’il s’agit d’une approche très numérique avec un équipement analogique.

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J’ai remarqué que tu apprécies le format panoramique. Que t’apporte-t-il en plus ?

Le cadrage dogmatique du panoramique me procure une manière de créer des images totalement différentes de celles que j’ai l’habitude de faire. Je pense que tout le monde devrait s’y essayer au moins une fois dans sa vie. Je veux dire par là qu’il ne suffit pas seulement de faire la modification sur un ordinateur ou sur tireuse, mais réellement cadrer à travers un viseur panoramique. C’est vraiment une expérience époustouflante.

Quels photographes t’inspirent ? Où trouves-tu l’inspiration ?

Jean Loup Sieff est vraiment celui qui me passionne le plus, il fut vraiment un photographe avant-gardiste à mes yeux. D’ailleurs, tout le monde devrait avoir sa bibliothèque son livre 40 ans de photographie. Il a beaucoup travaillé avec les perspectives et des idées de composition innovantes.

J’apprécie également Sebastião Salgado et James Nachtwey.

 Si tu devais donner un conseil, lequel serait-il ?

 Achetez-vous un appareil bon marché complètement manuel et libérez votre créativité, cherchez un réel intérêt là où votre œil vous guide.

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