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Fujifilm acros vs acros nouvelle version

Cartouches acros 1 et acros 2

L’acros Fujifilm n’était plus fabriqué, depuis 2 ans. Ce film N&B de 100 asa présente à la fois une belle plage de gris, un très beau modelé, une richesse en argent permettant d’enregistrer des contrastes importants, et un grain d’une finesse inégalée. Ajoutons qu’il ne nécessite pas de révélateur spécifique, et nous avons le portrait d’un film séduisant. Je commençais à le regretter.

Depuis peu, Fujifilm propose de l’acros 2, une nouvelle version améliorée. En quoi ? La brochure Fuji (en japonais uniquement, mais Google traduction fait bien les choses) est extrêmement succincte, la seule information utile concerne le développement : pareil que l’ancienne version.

Alors, j’en ai acheté, … et j’ai retrouvé une bobine d’acros 1 oubliée au fond d’un sac

Cartouches acros 1 et acros 2
Les 2 films comparés, acros et acros 1 Fujifilm.

 

D’où l’idée de faire une comparaison entre l’ancienne et la nouvelle version.

J’ai chargé une bobine de chaque acros dans des Nikon F2, avec l’idée de faire les mêmes photos.

J’ai pris la plupart des photos sur trépied, avec des focales comprises entre 20 et 500mm ; les platines rapides Manfrotto permettent de permuter rapidement les boitiers en conservant à peu près le cadrage ; reste à permuter les objectifs, et clic-clac.

Je comptais faire deux fois la même photo, mais c’était sans compter avec un soleil normand taquin, jouant à cache-cache avec les nuages : résultat, des écarts de lumination jusqu’à 3 IL ; je peux compenser en changeant la vitesse, cela rattrape la quantité, mais pas la qualité de l’éclairage, et du coup, les deux photos sont différentes.

Ce n’est pas bien grave : est-il loyal de comparer une pellicule périmée depuis avril 2011 (acros 1) avec une toute fraiche sortie d’usine (acros 2) ?

Ensuite, passons au développement :

  • les deux films en même temps dans du Kodak D76 pur avec un temps recommandé dans la notice acros 1 (8 ½ minutes à 18°C),
  • rinçage,
  • double fixage,
  • lavage en eau courante,
  • séchage au Kinderman Rapid trockner
  • planches contacts.

Les différences : couche anti halo magenta pour l’acros 1 et grise pour le 2, le marquage des marges différent identifie bien les 2 versions.

Dès la planche contact, on voit que la plage de gris est exceptionnelle pour les 2 films. Mais, il semble que les ombres soient plus fouillées en Acros 2. Compte tenu des changements constants de luminosité, il était impossible de noter une petite différence de densité, en résumé, la sensibilité est similaire.

 

Voyons les tirages

J’ai tiré quelques images en double, en 18X24cm, sur du galerie, avec un Durst 606, équipé d’un 50 mm Saphir Boyer. Déjà, au Scoponet, wouahou, qu’est-ce que le grain est fin !

Photo d'arum à l'acros 1
Arum pris à l’acros 1 périmée.

 

Photo d'arum à l'acros 2
Arum pris à l’acros 2 valide.

 

photo du port de Goury (manche) à l'acros 1
Le port de Goury (Manche) pris à l’acros 1 périmée.

 

Photo du port de Groury (Manche
Photo du port de Goury (Manche) à l’acros 2 valide.

 

Il n’y a pas grande différence entre ces émulsions, toutes deux présentent un excellent modelé, une grande richesse de la palette de gris, une très bonne définition, pas de grain visible, bref, match nul.

L’acros 1 était périmée depuis 9 ans ; en principe, le vieillissement aurait dû entraîner une montée du voile, une perte de sensibilité et de contraste, une montée du grain. Rien de tout cela n’était sensible. Pour en savoir plus, j’ai sorti de mes archives des acros 1 prises durant leur période de validité. Et tant que j’y étais, j’ai aussi ressorti quelques autres films.

Et le grain

Si la richesse de la palette de gris est une notion subjective, le grain est un concept bien réel. Mais, comme il faut être adepte de la chambre noire pour s’extasier sur un négatif, j’ai choisi de juger en positif.

Ces petites tâches noires qu’on voit sur un tirage, et qu’on prend pour le grain du film, c’est l’inverse exact du grain du film ; les grains d’argent arrêtent la lumière de l’agrandisseur, seuls les rayons lumineux s’étant glissés entre atteignent le papier et entraînent son noircissement. Ce sont les plages blanches du négatif qui font les grains noirs sur le tirage : trompeur, n’est-ce pas ? D’où des variations de granulation selon la densité du négatif.

Pour faire simple, la granulation visible sur un tirage est maximale dans les plages de densité moyenne, et s’atténue dans les ombres et dans les hautes lumières. Elle augmente lorsqu’on prolonge la pose sous l’agrandisseur.

Pour comparer le grain, j’ai réglé l’agrandisseur (Rohen, ampoule opale, apo-rodagon 2,8/50) pour un agrandissement de 15 fois ce qui correspond à des feuilles 50X60cm. J’ai sélectionné des plages gris moyen, contrôlées au densitomètre d’agrandissement ; je me suis arrangé pour avoir un temps de pose de 7 secondes pour tous ces essais. J’ai tiré sur des petits bouts de papier RC de 3X4cm environ.

Et j’ai numérisé à 600 dpi. Comme cela prenait trop de mégas, j’ai recadré. Sachant qu’une imprimante a le plus couramment une résolution de 72dpi, cela représenterai des tirages numériques de 4.50X3 mètres pour du 24X36.

J’ai ressorti de mes classeurs quelque négatifs, tout d’abord un acros 1 développé durant sa période de validité, ensuite, des films à grain fin et faible sensibilité: Agfapan 25 dernière version, panatomic Kodak, Ilford Pan F (pas la version actuelle, ici, c’est la précédente), puis des films de 100 ASA : Tmax 100, pour les grains tabulaires, Lucky 100 pour les grains classique, et du 400 ASA, Tmax 400 et Foma 400 et enfin de la Tmax 3200. Le tout pour avoir une échelle de valeurs.

 

Grain de films argentiques agrandis
Le grain de quelques films argentique.

 

J’ai éliminé les films techniques très contrastés, qu’un révélateur spécial adoucit pour les rendre utilisable en photo générale ; je les ai éliminés car leur gamme de gris est trop courte, ce qui oblige à sacrifier soit les ombres, soit les grandes lumières à la prise de vue. Le seul réellement utilisable était le technical pan Kodak, mais il n’est plus disponible depuis au moins 35 ans.

Le grain de l’acros2 est un poil plus fin que celui de l’acros 1 en période de validité ; les 6 ans de péremption du 1 ont entraîné une petite augmentation du grain, à peine visible en pratique. Le vieillissement de l’acros 1 entraîne une très petite augmentation du grain.

Parmi les films à faible sensibilité, seul l’agfapan 25 possède un grain plus fin que l’acros 2, mais de peu ; la panatomic fait jeu égal, la Pan F est un peu distancée.

Les 100 ASA sont distancés ; la Tmax 100 fait à peu près jeu égal avec la Pan F, la Lucky est un peu plus loin.

Les 400 ASA ont, sans surprise, un grain plus important.

Tout le temps qu’on n’agrandit pas au maximum, on repèrera à peine la différence de grain. Il faut atteindre 3200 ASA avec la TMax pour que le grain devienne notable sur de petits tirages.

 

Conclusion

Alors, pour quoi faire, l’acros 2 ?

Plus que la finesse du grain, c’est la plage de gris et la richesse tonale qui frappe : cela permet des dégradés sublimes.

Ensuite, pour la liberté dans le choix du diaphragme et donc de la profondeur de champ.

Comme on l’a vu pour le grain, sur des petits tirages, le grain d’un 400 ASA est à peine discernable, comparé à celui de l’acros 2. Mais, 400 ASA, cela veut dire, f :16 au 1/1000 par plein soleil ; on peut ouvrir davantage, mais on surexposera, et cela fera venir le grain. Avec un 100 ASA, on se retrouve à f : 8, on réduit la profondeur de champ, et du coup, le sujet principal ressort mieux. Quand la luminosité diminue, il reste de la marge pour baisser la vitesse, bref on a plus de liberté dans le choix du diaphragme. Quant-à réduire la sensibilité (25 ou 50 ASA), on gagne à peine ou voir pas du tout sur le grain ; il faut vraiment avoir besoin d’ouvrir le diaphragme au maximum pour que ça devienne une option intéressante.

Evidemment, plus on agrandit, plus le grain des films rapides devient apparent, mais pour que ça devienne gênant, il faut atteindre le 30X40 cm (à partir du 135).

Bref, l’Acros 2 : un film universel en petit et moyen format.

 

 

One comment
  1. Jean-Michel

    Bon article, bien rédigé et bien documenté !

    Entièrement d’accord avec l’intérêt d’une 100 Asa plutôt qu’une 400 en plein soleil, personnellement je n’hésite pas à utiliser la FP4 à 160 Asa en sur-développant un peu, ou la FomaPan 200 à 250 Asa qui permet des « chiffres ronds » plus faciles pour mes appareils sans cellule et qui de fait devient assez polyvalente.

    Ça fait plaisir de voir quelqu’un utiliser un Saphir Boyer ! J’ai passé toute ma jeunesse à utiliser un Topaz Boyer, moins performant mais avec beaucoup de caractère. Aujourd’hui je travaille au Componon Schneider et éventuellement à l’Eurygon Rodenstock pour agrandir un peu plus.

    Juste deux toutes petites observations :

    • Avec 400 Asa, on ne prend pas au 1/1000e de seconde à ƒ16, mais plutôt à 1/500e à un peu moins que ƒ16, ou si on préfère, à 1/1000e à un peu moins de ƒ11 et si on a un boîtier avec le 1/2000e (comme un Fujica ST 801 par exemple) ou descend vers ƒ8.

    • Le problème avec les photos prises à ƒ16 pour un objectif de 50mm ou moins, c’est qu’en plus d’une profondeur de champ souvent trop importante il se pose le problème de la diffraction qui altère la netteté de façon parfaitement visible sur le plateau de l’agrandisseur.
    La diffraction apparait pour une taille de diaphragme plus que pour sa valeur même, ce qui fait que sur les focales courtes de formule rétrofocus, elle apparait déjà avant ƒ11 tandis que sur des pures longues focales au contraire il est envisageable de fermer à ƒ22.

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    J’ai hâte de lire un nouvel article !

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