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Le laboratoire

Développer ses négatifs couleur

Le développement couleur fait souvent peur. Mais en réalité, ce n’est pas si compliqué que ça. Je vous explique tout ici.

Régulièrement, je demande aux photographes que je croise si en argentique, ils font beaucoup de couleur. J’ai souvent deux types de réponse : « oui, mais je fais développer par un labo » et « non, c’est trop difficile à développer ». Alors qu’en fait non. Le développement de négatif couleur n’est pas si compliqué que cela. Tout n’est qu’une question de température. Et dernièrement, je vous ai montré comment maintenir la température de votre cuve. Alors si vous vous jetiez dans le grand bain ?

Je vais vous parler ici du développement de négatifs couleur à l’aide de chimie en trois bains, aussi appelée chimie C-41 en trois bains. Il s’agit du type de kit encore produit. De mémoire, deux kit trois bains se trouvent actuellement sur le marché : le kit Colortec C-41 de Tetenal et le kit Rollei Digibase C-41. Je n’ai jamais eu l’occasion de tester le kit Digibase, donc je ne vous parlerai que du kit Tetenal. Cependant, le principe reste le même dans les deux cas.

Le kit Tetenal C-41
Le kit Tetenal C-41

En parlant de principe, quel est-il ? Il est très simple (merci les trois bains) ! Il commence avec la révélation des couleurs à l’aide du bain chromogène. Puis il y a un grand lavage des sels non révélés que l’on appelle blanchiment. Enfin, on fini par stabiliser le tout avec le stabilisateur. Vous trouvez ça compliqué vous ?

1. Il vous faut :

  • Des films négatifs couleur à développer
  • Un kit de chimie C-41 (Tetenal ou Digibase)
  • Un minuteur
  • Votre verrerie habituelle
  • Un système de contrôle de la température
  • Une arrivée d’eau courante thermostatée
Voici une bien vieille C-41 à développer !
Voici une bien vieille C-41 à développer !

2. Alors comment faisons nous ?

2.1. Préparation de la chimie

Les solutions vous sont livrées sous forme concentrée. Il vous faut donc les diluer dans de l’eau (de préférence déminéralisée pour au moins de stabilisateur pour éviter les traces de calcaire). Les dilutions sont très bien expliquées dans le petit livret fourni avec votre kit. Attention, alors que le bain de blanchiment et le stabilisateur ne comprenne qu’un flacon à diluer, le révélateur chromogène en possède trois. Je vous conseille donc de préparer votre eau puis d’ajouter à la suite vos trois flacons de concentré.

2.2. Pré-chauffage des solutions

Ça y est ! C’est décidé ! Cet après-midi vous développer votre première pellicule couleur ! Avant de vous lancer, mettez toutes vos solutions diluées à chauffer à la température de développement au moins 1h avant de commencer. Une heure c’est peut être un peu long mais au moins vous êtes sur d’une température homogène dans votre bouteille. Généralement, on développe en couleur à une température de 38°C. Cependant, il est également possible de développer à plus basse température (30°C) ou à plus haute température (45°C) ; cela implique de modifier les temps de réaction de chaque bain. Ayant toujours développer à 38°C, je ne peux vous donner mon ressentit sur l’influence de la température sur le résultat de votre développement. Mais si vous en avez, je suis preneuse !

Ma Jobo est ma meilleure amie pour le développement couleur !
Ma Jobo est ma meilleure amie pour le développement couleur !

2.3. Mise en spire

L’heure de pré-chauffage des bains touche bientôt à sa fin, il est temps de mettre votre pellicule (ou plan film) en spire. Pour ce faire, aucune technique particulière.

2.4. Pré-chauffage du film

Personnellement, j’aime bien mettre ma cuve avec mon film à préchauffer quelques minutes (une dizaine) avant de mettre le révélateur. Je n’ajoute aucun liquide dans la cuve. C’est juste pour réchauffer l’air présent dans la cuve et donc le film pour éviter les trop forts chocs de température.

2.5. Révélateur chromogène

Là, ça commence à être du sérieux ! Le kit Colortec de Tetenal est fait pour un développement par rotation. Autrement dit, il faut toujours que la cuve soit en rotation sur elle même avec l’axe dans le sens de la hauteur. Ainsi, si vous possédez un système du type Jobo, aucun souci pour vous ! La machine tourne la cuve pour vous. Cependant, si vous êtes en bain-marie ou simplement en évier, il vous faudra vous armer de patience et tourner votre cuve vous même. Vous allez voir, ça fait les bras !

Il est donc temps maintenant de mettre votre révélateur chromogène dans votre cuve, le volume à ajouter est bien évidemment en fonction du nombre de pellicules à développer et de la cuve utilisée. Dès que le révélateur est ajouté, il faut démarrer la rotation et surtout le chronomètre. Référez vous à la notice pour les temps d’action en fonction de la température utilisée et du nombre de pellicules concernées (3min15 pour 1 à 4 films et 3min30 pour 5 à 8 films).

2.6. Blanchiment-Fixage

Attention, ce bain chauffé sent fort et surtout tache énormément ! Donc attention à vos narines et vos vêtements ! Le temps d’action de ce bain dépend là encore du nombre de films que vous avez à traiter (4min pour 1 à 4 films et 6 min pour 5 à 8 films).

2.7. Lavages

A partir de maintenant, on peut arrêter de chauffer la cuve : la température va descendre doucement. La notice préconise 3min de lavage avec un seul bain d’eau entre 30 et 40°C. Personnellement, j’effectue différents lavages d’une minute chacun jusqu’à ce que l’eau ressorte parfaitement claire de la cuve. En général, cela prend entre trois et cinq bains. J’en profite également pour diminuer la température de l’eau au fur et à mesure des bains. Le premier est donc à 38°C, le second à 35°C, le troisième à 30°C, le quatrième à 25°C, pour terminer avec un bain à température ambiante.

2.8. Stabilisant

Une fois les fils à température ambiante, il faut stabiliser le développement à l’aide de la solution stabilisante. Attention, celle solution mousse énormément. Donc attendez vous à perdre vos films sous une jolie couche de mousse. Il s’agit d’un bain rapide d’une minute seulement que je continue à faire sous agitation.

2.9. Séchage des films

Une fois les films stabilisés, il suffit de les sortir des spires et de la cuve, de les passer entre deux doigts pour retirer l’excédent de stabilisant et de les mettre à sécher de façon habituelle. Laisser sécher le temps nécessaire !

2.10. Éliminations de déchets et nettoyage

Je vous renvoie à un autre article pour l’élimination de la chimie usagée. N’oublie pas également de rincer abondamment votre cuve (et si nécessaire votre bain marie) à l’eau claire afin d’éliminer toute trace de chimie. En effet, un reste de chimie dans votre cuve pourrait compromettre votre prochain développement !

Alors vous voyez que ce n’est pas si compliqué ! Le monde de la couleur est à vous !

Un négatif en sortie de développement !
Un négatif en sortie de développement !
Ca tire un peu sur le rouge tout de même, non ?
Un exemple de traitement croisé !
Regardez bien au fond... Le Sacré Coeur !
Regardez bien au fond… Le Sacré Coeur !
Un petit paysage de campagne...
Un petit paysage de campagne…
21 comments
  1. Saint-Léger Lionel

    A mon avis le développement couleur est plus simple à réaliser que le N et B. Par contre les processeurs Jobo sont de plus en plus rares et donc de plus en plus chers. Sans sa Jobo ça devient un peu galère.
    Pour le lavage je le fais 2 fois surtout lorsque je développe des diapos. Pour les négatifs, vu que le lavage arrive seulement avant le stabilisant, je pense que c’est moins important.
    On en parlera peut-être ce soir !

  2. Jérôme

    Cela fait 3 ans environ que je développe en couleur au bain-marie dans une glacière.
    Je mets mes 3 bains Tetenal C41 dans la glacière, avec 8L d’eau chaude, le temps de mettre mes pellicules dans les spires.
    Une fois les pellicules dans leurs cuves, les bains sont à température (ou presque), et souvent même je dois ajuster la température à la baisse 🙂

    En tout cas, même fait à la main, les résultats sont très propres !
    N’hésitez pas à vous lancer, ça vaut le coup de tester toutes ces belles pellicules.
    Jérôme.

    1. HélHorn

      Bonjour,
      Ça fait 3ans que je développe mes films couleur (avec le kit tetenal à 30°C) et impossible de savoir quand le révélateur devient inutilisable. Je profite donc de ton expérience pour te demander si toi tu as trouvé une astuce pour déterminer si oui ou non tu peux continuer à utiliser tes chimies (hormis celle d’utiliser un négatif correctement exposé qu’on utiliserait par petit bout pour voir à l’avance, y’a-t-il un autre procédé qui prendra moins de temps et qui ne gâcherait pas un film ?)

  3. brouard Yves

    Je me suis mis au développement couleurs depuis qq mois et j’avoue y trouver de la satisfaction .Hors mis le pb de température que j’ai résolu avec un bac thermostaté de labo , je n’ai pas rencontré de pb particulier. Reste quand même qu’il convient sans doute d’être précis et rigoureux . J’utilise le kit Tétenal , et je me plie exactement aux conseils d’utilisation . Il y a avantage a développer plusieurs film afin de limiter le coût ( 45 euros le Kit) sachant que les produits ouverts ne restent utilisables que qq mois En suite je scanne sur un Canon 9000F et je fais mes tirages avec un mini de retouche sur une Canon IP 7250 . J’aimerai savoir si qq un a une expérience en matière de conservation des produits Tenenal et si les délais de conservation peuvent être dépassés sans problème particulier
    Merci de me faire partager votre expérience Yves

    1. Cedric

      Bonjour, pour la conservation, j ai un kit Tetenal 5l ouvert depuit pas loin de cinq ans… Je prepare les solutions de travail en petite quantité, si elles ne sont pas epuisées je les conservent au congelateur. Je les sort du congelateur la veille quand je souhaite developper un rouleau. Apres 3 trois mois au congelateur (duree la plus longue que j ai testée), je ne vois pas difference sur le resultat.
      Pour les solutions concentrées (entamées), elles avaient été conservées dans des conditions deplorables… suite a un demenagement elles se sont retrouvées dans un grenier pendant 2 ans (40° en été 5°en hiver…). Gros depot a l interieur de certain bidons… J ai rechauffé un peu les solution et agité, ca se redissou. Je ne suis pas un pro, loin de la, ce n est qu’un retour sur mes experimentations… Quand on a des chimies qui ont un peu depasser la date… le mieux est de faire un test sur quelques clichés pour voir ce que ca donne.

  4. Nicolas R

    Salut et merci pour cet article.

    Le procédé est simple mais étant parisien et dans un appartement assez petit, je ne peux pas avoir tout ce matériel. Connaissez vous une association qui propose de faire des dev couleur (et du tirage) ?

    Merci

    1. Rémy

      Salut,
      Le développement couleur prend autant de place qu’un développement en noir et blanc. A partir du moment où tu as une douche, tu peux développer 😉
      Hélas non, à notre connaissance, il n’y a pas d’association qui propose de faire du dev couleur et du tirage.

  5. JB

    Bonjour,

    j’ai effectué mon premier développement couleur (c41), tout semblait à peu près correct sauf qu’au scan les couleurs sont plutôt verdâtre/bleu.
    Est-ce normal ou ai-je un problème dans mon processus ?

    merci,

    JB

      1. JB

        Bonjour,

        Pour ce qui est du scanner, j’ai fait un essai avec un autre négatif développé par un labo et les couleurs étaient correctes. En revanche mon eau étant calcaire ça peut jouer sur le PH ?

        Si ça vient du PH, je suppose que je suis bon pour racheter un nouveau kit C41… 🙂

        Voilà ce que ça a donné.

        scan brut :
        http://www.pirate-photo.fr/albums/fichiers/membres/10702/h800.jpg

        Scan retouché :
        http://www.pirate-photo.fr/albums/fichiers/membres/10702/h800_2.jpg

        Merci,

        JB

  6. Agathe Cordier

    Merci beaucoup pour cet article ! J’ai pu développer mon premier négatif couleur 🙂 Pour l’instant il y a des petites erreurs mais pour une première fois je trouve le résultat pas mal.

    Cela faisait un moment que je voulais me lancer et grâce à cet article et celui concernant le développement noir et blanc j’ai enfin pu me lancer. Les explications sont au top. Encore une fois merci !

    Agathe

  7. leproust

    Merci pour cet article et toutes cette mine d’informations sur l’argentique, ça fait vraiment plaisir!

    On vient de développer nos premiers négatifs couleur sur une machine Jobo + kit Téténal coloratec, c’est vraiment cool, je suis plutôt satisfait du résultat, un plaisir renouvelé (j’avais l’impression de me retrouver quelques années en arrière avec mon premier développement n&b en ouvrant la cuve… ) cela apporte à mon regard une autre approche de la photographie et ça fait du bien!!!

    Merci!!!

    Wilfried

  8. Gauthier

    Bonjour,

    Comment déterminer le nombre de film qu’il est possible de développer lorsque, avec la même chimie, on développe du film 400, 200, 100, et 25 ISO ?

    Autre point :

    Sur la notice je lis :

    « Lors du traitement de films de haute sensibilité (ISO 400/27° ou supérieur), il est recommandé de ne pas dépasser 3 développements (par litre de révélateur chromogène) »

    Dois-je comprendre que c’est 3 films dans la cuve max dans le cas ou ce sont des films >400 ISO ou dois-je comprendre qu’il faut pas développer plus de 3 films >400 ISO avec 1 litre de chimie ?

    Merci
    Gauthier

    1. Anaïs Carvalho

      Bonjour Gauthier,
      Pour cette chimie, le nombre de pellicules pouvant être développées est fixe, indépendamment de la sensibilité. Tu peux donc développer du 25 ou 400 ISO en même temps.
      Pour la seconde question, c’est pas plus de trois cycles de développement soit trois chauffes du produits. Après le nombre de films dépend de la cuve que tu possèdes.
      N’hésite pas.
      Anais

  9. Adrien

    Bonjour,

    Merci pour la méthode je vais me lancer ! (sans machine par contre, je me suis fait un bain marie contrôlé mais j’ai pas encore de système pour la rotation…je pense à bricoler un truc avec des Legos ah ah)

    Plusieurs questions :

    – J’ai lu que la machine Jobo tourne à 75 tr/min : dans quel sens ? de manière à entraîner le produit dans la spire ? (j’imagine).

    – Si j’ai bien compris, le temps de développement est le même pour toute les sensibilités du moment que l’on reste sur un emploi avec la sensibilité nominale du film ? Comment calcule-t-on les temps de développement si on pousse un film ? Simple règle de 3 ? (Certains films sont présentés comme poussables, du genre Cinestill)

    Pour la conservation, il faut mieux conserver les concentrés et ne les diluer qu’au besoin ? ou bien il est possible de dilluer le tout et de conserver les produits prets à l’emplois ?

    Merci !

    Adrien

  10. Francois

    Bonjour,

    Très bon post, bien détaillé et clair.
    J’ai cependant un problème avec mon développement (Kit TETENAL C41, 2.5L et Processeur JOBO CPE 2 plus + Lift). Après 3 développements réalisés sur différentes pellicules neuves (LOMO 800, Kodak ultramax 400, cinestill), je me retrouve avec un négatif à la teinte bleu-vert.

    Pourtant je respecte bien le temps ainsi que la température indiquée, les étapes de développement sont réalisées dans le bon ordre et la mise en spire ne pose pas de problème.

    Pour info, j’ai racheter un kit TETENAL C41 en pensant à un défaut de conditionnement (ou problème de stockage) et j’ai eu le même souci.

    Savez-vous d’où pourrait venir ce problème de film ?
    Merci d’avance pour votre retour

    Francois

    1. Gauthier

      Hello,

      Tu utilises de l’eau distillée pour préparer tes chimies ?
      J’ai vu par ci par là des gens qui avaient des résultats étranges avec une eau trop calcaire.

  11. Ben

    Bonjour à tous,

    Ayant le même soucis que vous au niveau des teintes bleues/vertes.

    Concernant mon développement, j’utilise de l’eau déminéralisée partout sauf au nettoyage après le blanchisseur.

    Pensez vous que cela peut jouer?

    Merci pour votre aide.

    Au passage très bon article.

    B.

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