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Ils ont la paroleInterview

Streetbox Camera

Street Box Camera

Je le dis souvent : Internet est un outil fabuleux, lorsque l’on sait s’en servir, bien entendu. Après quelques recherches, suggestions, un peu de patience et nous arrivons très facilement à trouver de petites pépites photographiques.  L’une d’elles est le travail de Sébastien Bergeron que vous connaissez surement grâce à son travail artisanal et ses créations. Et si nous vous parlions de « Street Box Camera » ?

Bonjour Sébastien. Peux-tu te présenter en quelques lignes s’il te plait ?

Bonjour à toutes et à tous, je m’appelle Sébastien Bergeron. Trente trois ans. Je suis passionné par la photographie depuis 2003. J’ai étudié la photographie au Québec de 2005 à 2009, au Cégep de Matane. Depuis, j’expérimente, j’essaie, je rate, je réussis, je recommence, je défriche, je cherche de nouveaux chemins. Je partage cette passion, avec le travail du bois et un goût fort prononcé pour la récup’, la restauration, la réparation et le détournement d’objets. Mes valises sont actuellement posées dans le Maine et Loire (49), au sein d’un collectif d’artistes, d’artisans et de militants humanistes. Un groupe qui travaille à re-dynamiser culturellement les campagnes profondes, sur fond d’entraide, de recherche d’autonomie  et de partage. On essaie et expérimente de nouvelles façons de vivre ensemble, sans dogmes idéologiques ou artistiques. Depuis quelques années, je fabrique des chambres de rue, c’est à dire des appareils photo artisanaux en bois, destinés à la photographie ambulante.

Street Box Camera
Street Box Camera

Comment a débuté l’aventure Street Box Camera ? Depuis combien de temps ton projet existe-t’il ?

J’ai découvert la photographie ambulante au Mali, et à Mopthi plus précisément, il y a bientôt six ans. J’ai fait la rencontre d’un photographe de rue malien, Issa, au détour d’une petite ruelle, près du port. J’ai trouvé ce photographe et sa technique absolument fascinante. Je suis resté bouche-bée la toute première fois que j’ai vu ce monsieur travailler. J’avais la bouche grande ouverte, pour de vrai.

J’ai toujours une grande admiration pour ce photographe, que je trouvais très humble dans sa manière de vivre la photographie. Cela reste pour moi l’archétype du photographe de rue. Un photographe qui vit la rue pleinement, qui en est un acteur modeste et actif.

De retour en France, avec Justine, une amie avec qui j’avais voyagé, on a construit de mémoire une première chambre de rue. C’était début 2011.

A l’époque, il n’y avait rien sur internet parlant de cette technique argentique archaïque. On ne savait même pas comment cela s’appelait. On a donc appelé notre première chambre de rue, la chambre Issa, en hommage au photographe malien. On s’est tout de suite jeté dans le bain, et on est allé faire le chapeau, dans les rues. C’étaient de beaux moments de vie. Maladroits et authentiques. On a appris de nos erreurs, en direct, dans les rues. Une bonne école.

L’aventure Street Box Camera est née en 2014, suite à une séparation amoureuse. Pour ne pas piquer du nez, je me suis mis à fond à travailler dans l’atelier. Des coups de marteaux pour éloigner les idées noires. J’ai fabriqué plusieurs chambres de rues, qui se sont vendues rapidement, à mon grand étonnement. La toute première a été acheté par un peintre espagnol, Israël (il travaille dans les rues avec, désormais). Puis une deuxième est partie, puis une troisième, etc.

J’ai finalisé la 48ème, il y a une dizaine de jours. Depuis fin 2014, je fabrique des chambres de rue, pour les autres, et je suis très heureux quand on m’envoie des photos des Street Box en plein travail et quand j’apprends que ces personnes gagnent leur vie avec.

Street Box Camera n°48
Street Box Camera n°48

Pourquoi l’Afghan Box ?  Tu aurais pu faire des sténopés…

Pour tout te dire, au début, comme beaucoup, j’ai aussi fabriqué des sténopés.

Après la découverte de la photographie de rue au Mali, mon rapport à la photographie a été complètement chamboulé. Je sortais d’une école photo, avec travail de studio, travail et retouche sur ordinateur, etc. Une formation complète et de grande qualité. Très intéressante mais je sentais que certains domaines abordés ne me convenaient pas. Disons plutôt que ça ne me ressemblait pas. De toute façon, j’avais toujours plus accroché avec l’argentique.

Ce que j’avais vu au Mali m’a vraiment allumé. C’est exactement ça que je voulais faire ! Là, ça me parlait, ça me paraissait beaucoup plus naturel : bosser dans les rues, avoir un petit stand ambulant, rencontrer des gens, discuter, vivre la rue, se réapproprier la rue, se fabriquer ses outils de travail. J’ai zoné dans les rues la majeure partie de ma jeunesse, et c’était pour moi une belle revanche. J’y retournais avec quelque chose de positif.

Street Box Camera - ISSA Samado - Mopthi, Mal
Street Box Camera – ISSA Samado – Mopthi, Mal

La photographie ambulante permet une belle connexion avec les gens. On travaille en direct, sans parachute.  Il n’y a pas de triche. On prend le temps de se connaître entre parfaits inconnus, le temps d’une photo. Parfois, ça se prolonge.

Ça permet de créer des moments magiques. Par exemple, il y a deux ans, j’ai rencontré un couple dans le centre de la France. Le gars avait trop accroché sur le procédé. Il m’a recontacté quelques semaines plus tard. Il voulait se fabriquer une chambre de rue. Je lui ai proposé de venir à l’atelier. On a sympathisé, fabriqué sa chambre ensemble et au fur et à mesure, on est devenu ami. Un an après, Nico venait avec moi bosser dans les rues. On a fait le chapeau, ensemble. C’était génial. Il n’était pas du tout photographe à la base, en plus.

Voilà exactement le genre de situation étonnante, que cette technique de photographie m’a permis de vivre, et pourquoi je l’aime.

Cette année, je suis parti faire le chapeau avec un de mes colocs, Simon, qui est musicien pro. Des portraits photographiques et des portraits musicaux. C’était expérimental et les gens ont bien accroché. Moi, à la photographie, lui, à la contre-basse, scie musicale, diddley-boo, guitare. Des beaux souvenirs, encore. Pleins d’anecdotes, pleins de rires. C’était comme un petit spectacle de rue.

Street Box Camera - Sténopé Guitare
Street Box Camera – Sténopé Guitare

J’ ai choisi cette technique avant tout pour sa simplicité d’utilisation dans les rues, son accessibilité et le fait que tout le processus photographique se fait sous les yeux de la personne photographiée.

Ces grosse boites sont toujours intrigantes, et le plaisir d’avoir une photo « réelle », au bout de quelques minutes, ravit les gens. Le fait de pouvoir à la fois, faire la prise de vue et le développement, est un vrai plus. C’est une manière chaleureuse de faire de la photographie. Les résultats sont bruts et sans artifices. Des noirs et blancs maladroits mais attachants. Les gens s’en foutent des défauts techniques. Ils jugent le tirage, à l’émotion. A une époque de dématérialisation de la photographie, le tirage reprend énormément de valeur sentimentale.

Ça permet aussi de garder vivant, ce vieux métier. C’est un métier de rue à la base, un peu comme le cireur de chaussures ou le laveur de carreaux.

Il y a aussi un esprit libertaire dans la photographie ambulante, que j’affectionne particulièrement. N’importe qui peut s’y mettre, n’importe quand. Tu te places dans une rue et tu bosses directement, en autogestion. Pas de patron. Ça joue beaucoup sur la débrouillardise, le bricolage, le bagout. L’argent n’est plus un problème. Tu n’as pas d’appareil photo, tu t’en fabriques un, tout simplement ! T’es en contact direct avec la réalité. Tu en fais parti, tu ne la survoles pas. C’est de la photographie avec l’esprit punk.

Street Box Camera - Atelier
Street Box Camera – Atelier

En ce qui concerne leur fabrication, personne ne vendait de chambres afghanes sur Internet. Personne n’en fabriquait en série. Je me suis dit pourquoi pas essayer, pour m’aider à financer d’autres projets. Il n’y a pas de modèles précis à suivre, en plus. C’est une fabrication qui laisse une grande marge de création. Chacun peut créer son propre modèle. La première a avoir été vendue, était même un prototype. Pour être honnête, je n’ai pas de modèle précis à vendre. Je fabrique des chambres avec les matériaux du moment, en fonction des retours que l’on me fait, des nouvelles techniques de fabrication que j’apprends, etc. Ce sont des appareils en constante évolution et amélioration. Je les fabrique pour les personnes qui n’ont ni le temps ni l’envie de faire du bricolage.

Je fabrique leur appareil et ils m’aident à financer mes projets. C’est un échange honnête.

Les premières ont été faite à 100% avec des matériaux de récupération.

J’essaie de garder cet esprit, et de favoriser le ré-emploi d’objets au maximum. Je veux m’inscrire dans ce mouvement de recyclage, de réutilisation à long terme. On a suffisamment produit depuis des décennies, et nous gâchons encore à outrance. Il est temps de passer à l’étape suivante, de manière plus radicale. Se réapproprier nos mains, ré-apprendre à réparer, transformer, partager nos connaissances. Ce n’est pas une mode, c’est une nécessité et un appel au bon sens.

Street Box Camera - n°31
Street Box Camera – n°31

Quels sont tes projets futurs de création ?

Il y a un projet qui me tient à cœur depuis six ans. C’est la création d’un petit camion-labo. Ce projet a connu des hauts et des bas, depuis toutes ces années. Mais, je compte bien le financer avec la vente de la dernière série de Street Box camera que j’ai fabriqué. Enfin, je l’espère fortement. J’aimerais restaurer un vieux camion, style bétaillère, et en faire un labo ambulant. J’ai fait des tas de recherches depuis toutes ces années sur l’aménagement, appris un peu de mécanique, récolté tout ce qu’il faut pour faire un labo mobile, fabriqué du matériel photo. En fait, j’ai quasiment tout, sauf le camion.

La vente des chambres de rue sert avant tout à financer d’autres projets photos pour moi. Ce n’est donc pas un commerce avec une logique d’enrichissement personnel, à proprement parler. C’est plus une sorte de « crowfunding », sans date limite et sans somme absolue à atteindre.

Ton travail nous intéresse. Comment fait-on pour te contacter ?

Vous pouvez me contacter par le biais de la page Facebook « Street Box Camera », sur le blog « L’Atelier Des Petits Photographes » (ateliers photo argentique pour les enfants), voir la boutique en ligne sur la page « Street Box Camera » du site ETSY, ou en venant directement en Brandonnie.

 

Merci beaucoup Sébastien.

4 comments
  1. laurent girault-conti

    Bonjour, je ne suis pas loin d’Angers, à St Macaire en Mauges et je souhaiterai vous rencontrer pour fabriquer une Street box.
    Bien cordialement
    laurentgc

  2. BRUGAILLERE FREDERIC

    Bonjour ,
    suis tombé sur des sites qui répondent à des tas de questions et permettent de commander , seulement voila le prix du transport est donné pour 30 euros , très bien …… le prix de la boite … RIEN !
    je vois mal passer commande sans le prix ….
    d’autre part existe- t-il plusieurs modèles ? je vois des boites à deux manchons
    le 4 X 5 est trop grand pour moi il me faudrait du 8,9 X 12,7 cm . Avez – vous ?
    Le dépoli est-il qualité chambre moyen ou grand format ?
    Avez vous des cuves à peine plus grandes que le 9 X12 cm ?

    Merci de votre réponse et très bonne soirée à vous
    Frederic Brugaillère

  3. caroline cuinier

    Bonsoir, nous nous sommes rendues au salon de la photo dimanche et ma fille qui vient d entrer en seconde photographe a adoré le moment passé a votre stand et moi aussi. nous avons passé un bon moment merci encore. CONTINUEZ encore et encore

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